Horizon du patrimoine mondial de l’UICN 2 : Une évaluation globale de la conservation des sites du patrimoine mondial naturel.

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Résumé analytique 

L’Horizon du patrimoine mondial de l’UICN est la première évaluation globale du patrimoine mondial naturel. Il évalue les perspectives de conservation de tous les sites inscrits sur la Liste du patrimoine mondial pour leurs valeurs naturelles, mettant à disposition toutes ces évaluations en ligne (worldheritageoutlook.iucn.org) ainsi qu’un rapport régulier présentant les résultats mondiaux et régionaux. Le présent rapport, Horizon du patrimoine mondial de l’UICN 2, est la première mise à jour depuis que le système a été créé en 2014 lors du Congrès des parcs de l’UICN, événement phare ayant lieu tous les 10 ans. Le Congrès de 2014 a établi un programme pour la prochaine décennie, la Promesse de Sydney ; celleci a renforcé l’idée que la conservation du patrimoine mondial est un test révélateur sur la réussite au sens plus large de la conservation dans le monde. Les sites naturels du patrimoine mondial, qui bénéficient d’une reconnaissance internationale unique, doivent faire preuve de leadership et c’est notre devoir collectif de veiller à ce qu’ils aient des perspectives de conservation favorables. En montrant comment les perspectives de conservation des sites du patrimoine mondial naturel ont évolué au cours des trois dernières années, ce rapport indique si nous sommes sur la bonne voie pour répondre à ces aspirations. L’Horizon du patrimoine mondial de l’UICN 2 résume les principales tendances concernant l’état de conservation des sites naturels du patrimoine mondial, les menaces et les pressions auxquelles ils sont confrontés, ainsi que le niveau d’efficacité de
leur protection et de leur gestion. En fournissant cette évaluation, le rapport s’avère être non seulement un outil précieux pour le suivi de l’état du patrimoine mondial naturel de la planète, mais également un indicateur de notre capacité à relever les défis planétaire de la conservation, à obtenir davantage de résultats et à définir les priorités d’investissement. Sur la base d’un vaste répertoire de constatations détaillées, provenant de 241 évaluations, les principales conclusions de l’Horizon du patrimoine mondial de l’UICN 2 sont les suivantes :
Les perspectives d’ensemble pour les sites naturels du patrimoine mondial ne s’améliorent pas L’horizon global pour le patrimoine mondial naturel en 2017 est semblable à celui de 2014, avec des perspectives de conservation positives (« bonnes » ou « bonnes avec quelques préoccupations ») pour 64 % des sites, un niveau de « préoccupation élevé » pour 29 % d’entre eux et une situation « critique » dans 7 % des cas. Ces résultats englobent les 241 sites naturels figurant sur la Liste du patrimoine mondial en novembre 2017, et comprennent les nouveaux sites qui ont été inscrits depuis le précédent rapport. Lorsque l’on compare les résultats des sites pour lesquels deux évaluations ont pu être réalisées, on voit qu’il y a moins de sites évalués comme ayant de bonnes perspectives de conservation (43 sites en 2017 contre 47 en 2014), ce qui va à l’encontre de l’amélioration des résultats à laquelle le patrimoine mondial devrait aspirer. Une observation plus positive est la réduction du nombre de sites considérés comme critiques (17 en 2017 contre
19 en 2014), ce qui confirme que, moyennant un effort de conservation accru, les perspectives pour ces sites plus menacés peuvent s’améliorer. Depuis novembre 2014, 13 nouveaux sites ont été inscrits sur la Liste du patrimoine mondial en reconnaissance
de leurs valeurs naturelles, et chacun d’entre eux présente des perspectives de conservation différentes. Tandis que 10 sites sur 13 sont évalués comme ayant des perspectives positives (bonnes ou bonnes avec quelques préoccupations), trois des sites récemment inscrits présentent des préoccupations élevées. Une comparaison entre les régions permet de constater que l’Amérique du Nord reste celle où se trouve le pourcentage le plus élevé de sites avec des perspectives de conservation positives (90 %), suivie de l’Océanie (82 %) puis de l’Asie (74 %). En Europe et dans les États arabes, les résultats globaux correspondent à la moyenne globale, avec des perspectives positives dans 63 % et 62 % des cas respectivement. L’Afrique (48 %), l’Amérique du Sud (48 %) et la Méso-Amérique et les Caraïbes (45 %) sont les trois régions dans lesquelles le  pourcentage de sites présentant des perspectives positives est le plus faible. L’Afrique demeure la région où le pourcentage de sites dont les perspectives sont estimées critiques est le plus élevé, et il s’agit de la région qui compte le plus grand nombre de sites naturels figurant sur la Liste du patrimoine mondial en péril. Les perspectives de 26 sites ont changé Bien que le tableau d’ensemble reste similaire, on observe de nombreux changements de statut au niveau
des sites et des régions, et en ce qui concerne les menaces ainsi que la protection et la gestion. Les perspectives de conservation de 26 sites ont changé entre 2014 et 2017 : 14 se sont améliorées et 12 se sont
détériorées. Le plus grand changement s’est produit en Europe, où les perspectives de conservation se sont améliorées pour deux sites mais se sont détériorées pour sept. Il est encourageant de constater que seuls des changements positifs ont été enregistrés en Asie, où quatre sites présentent des améliorations en 2017, et que l’Afrique a connu une évolution essentiellement positive puisque les perspectives de conservation de quatre sites se sont améliorées. C’est aussi dans ces deux régions que se trouvent les deux sites qui ont réussi à sortir de la catégorie critique depuis 2014 : le Parc national de la Comoé en Côte d’Ivoire et le Complexe forestier de Dong Phayayen-Khao Yai en Thaïlande. Les menaces sur les sites naturels du patrimoine mondial augmentent L’Horizon du patrimoine mondial de l’UICN évalue les menaces actuelles et potentielles. Les résultats de 2017 montrent que presque toutes les catégories de menaces affectent un nombre croissant de sites naturels du patrimoine mondial. Le changement climatique est la menace sur le patrimoine mondial naturel qui augmente le plus rapidement. Le changement climatique s’est considérablement intensifié et constitue aujourd’hui une menace bien plus importante qu’en 2014, à tel point que le nombre de sites où il représente déjà une menace élevée ou très élevée a augmenté de 77 % (62 sites en 2017 contre 35 en 2014). L’évaluation des perspectives en 2014 avait classé le changement climatique au rang de plus grande menace potentielle et, pour un certain nombre de sites, cette menace est en train de se matérialiser, avec un impact tangible sur les valeurs de patrimoine mondial. Le changement climatique demeure de loin la plus grande menace potentielle, avec 55 sites sur lesquels il pourrait avoir des répercussions élevées ou très élevées à l’avenir. Les espèces envahissantes, le changement climatique et les impacts du tourisme sont les plus grandes menaces actuelles. Les espèces envahissantes, le changement climatique et les impacts du tourisme sont évalués, dans cet ordre, comme les trois menaces actuelles les plus importantes pour le patrimoine mondial naturel, ce qui indique clairement que nous devons intensifier nos efforts de conservation au niveau local et mondial. Tandis que les impacts du changement climatique continuent d’augmenter plus vite que toute autre menace, les espèces envahissantes et les impacts du tourisme affectent de nombreux sites partout dans le monde. Depuis 2014, le nombre de sites pour lesquels ces deux menaces sont qualifiées d’élevées ou de très élevées a continué de croître (les espèces envahissantes touchent près de 14 % plus de sites et les impacts du tourisme 10% de plus depuis 2014). La pression liée aux projets de développement d’infrastructures augmente Les grands projets de développement, notamment des routes, des barrages, des installations touristiques, des mines et des infrastructures pétrolières et gazières, figurent également parmi les menaces potentielles les plus  importantes, avec une hausse particulièrement considérable de la construction de routes depuis 2014 (en trois  ans le nombre de sites susceptibles d’être touchés a presque doublé). Le nombre de sites qui pourraient être sérieusement affectés par le développement d’infrastructures hydroélectriques est passé de 13 à 17, et par la construction d’installations touristiques de 11 à 15 depuis 2014.

Les performances de protection et de gestion baissent L’efficacité de la protection et de la gestion des sites naturels du patrimoine mondial a dans l’ensemble diminué depuis 2014. Le pourcentage de sites où la protection et la gestion sont estimées « dans l’ensemble efficaces »ou « très efficaces » est passé de 54 % en 2014 à 48 % en 2017, lorsque l’on compare les 228 sites pour lesquels deux évaluations sont disponibles. Cette combinaison de menaces croissantes et d’une gestion et une protection moins efficaces présente un risque évident pour les valeurs de patrimoine mondial et réclame une plus grande attention pour protéger ces sites de renommée internationale. La conservation de la nature est efficace lorsqu’une action soutenue est mise en place pour que les sites naturels du patrimoine mondial puissent faire face aux menaces, il est essentiel d’investir dansla protection et la gestion. Les 14 sites dont les perspectives se sont améliorées montrent qu’il est possible d’obtenir des résultats positifs dans la mesure où des efforts constants sont déployés face aux difficultés. Il faut se concentrer davantage sur l’ordre de priorité des efforts mis en œuvre, au niveau national comme international, pour aider les sites les plus menacés à dépasser des perspectives critiques, comme cela a été fait pour le Parc national de la Comoé et le Complexe forestier de Dong Phayayen-Khao Yai. Les résultats de nombreux sites se sont améliorés dans différents domaines et, même si dans certains cas cela n’a pas suffi pour changer leur classement dans l’évaluation globale des perspectives, ils constituent des exemples de bonnes pratiques. À l’inverse, les sites qui ont des perspectives positives ne sont pas imperméables aux pressions et il faut faire preuve d’une vigilance continue pour garantir que leurs perspectives restent positives. Dans un contexte où les menaces qui pèsent sur les sites du patrimoine mondial naturel s’intensifient, il sera plus important que jamais de veiller à ce que les résultats positifs des sites dont les perspectives s’améliorent soient partagés, afin d’encourager le plus haut niveau de réussite en matière de conservation qui va de pair avec le statut de patrimoine mondial.

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2017
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